Tractebel, ressources humaines

André Terlinden et Aude Debuyssher
Les industriels vous attendent : n’ayez pas peur, foncez !

Comme fille, vous hésitez avant de vous lancer dans les études d’ingénieur ? Vous avez peur que l’industrie ne vous accueille pas favorablement ?

Voici ce que vous disent André Terlinden, Directeur des Ressources Humaines, et Aude Debuysscher, Recruitment Manager, chez Tractebel, grande société de consultance, qui emploie plusieurs milliers d’ingénieurs de toutes spécialités. Les ingénieurs constituent 80% de leurs effectifs.

Ingénieur: Oui ! Homme ou femme : quelle différence ?

Nous manquons d’ingénieurs, partout, dans tous les secteurs. Peu importe qu’il s’agisse d’homme ou de femme : il n’y a aucun clivage ni préjugé de ce type chez Tractebel, où le personnel est majoritairement universitaire. Nous sommes une entreprise de consultance technique, et nous offrons des carrières dans les filières liées aux expertises ou au management, humain ou de grands projets techniques. Il nous faut des collaborateurs aptes à la communication et au leadership, capables de travailler en équipe, doués de créativité et d’esprit d’innovation. Pas des individualistes, même s’ils sont excellents techniquement.
Aujourd’hui, le manque est surtout flagrant en génie civil, en nucléaire, pour la gestion de process, dans le domaine des gaz, en physique, … En fait dans beaucoup de domaines, mais l’essentiel est d’être généraliste, d’être capable d’apprendre, d’avoir l’esprit bien fait. La vraie compétence technique s’acquiert au travail.

Toutes les filières sont ouvertes, aux hommes comme aux femmes, selon leurs compétences personnelles.

Avant tout : le travail en équipe

En consultance technique, comme chez Tractebel, le travail en équipe est fondamenal. Et une équipe sera efficace si elle est équilibrée, donc mixte : Hommes et femmes sont tout à fait complémentaires. La femme peut par exemple apporter plus de pragmatisme, un regard différent. Tout type d’équilibre est important dans une équipe bien formée.
Bien sûr il y aura des moments de stress, quand il faut remettre d’urgence un projet. Le temps devient trop court, et l’investissement personnel demandé peut être considérable. Difficile pour tous, peut-être plus pour une femme. Mais ce stress se gère en équipe, et dans une équipe on n’est jamais seul. L’entraide et la complémentarité sont des atouts de poids. D’où l’importance du bien-être au travail : chez Tractebel, chacun peut s’épanouir selon ses désirs et ses possibilités, et le travail à domicile, un ou deux jours par semaine, est de plus en plus courant.

Quelle carrière pour une femme ?

Les filières sont très différentes, et donc aussi les possibilités de carrière. Certaines impliquent de nombreux déplacements à l’étranger, d’autres pas. Ainsi chacun, homme ou femme, peut trouver sa voie. Malgré tout cela reste la femme qui, bien souvent, devra faire preuve d’organisation pour gérer en parallèle la vie familiale et la vie professionnelle. Même si l’on observe un partage croissant des tâches, elle reste la référence dans plusieurs cas. Mais pour accéder à certains niveaux de responsabilité, il faut faire des sacrifices, c’est inévitable.
N’oublions pas que le monde change, très rapidement. Et les ingénieurs sont très sollicités. Ils changeront donc aussi d’employeur ou de fonction au cours de leur carrière. A chacun de choisir le rythme qui lui convient, au bon moment.

Un conseil aux filles : pas de complexe, foncez !

Il peut subsister des a priori sur les femmes dans différents secteurs, mais cela devient de plus en plus rare. Il n’y en a pas chez Tractebel. Tout dépend finalement de la personnalité, et certaines femmes se font très bien accepter sur chantier, dans un milieu majoritairement masculin. Leur présence étonne au premier abord, un atout au démarrage ?

Les conseils sont exactement les mêmes pour les hommes et les femmes ! Bien sûr il faut une préparation adéquate dans ses études : assez de sciences et de mathématiques, qu’il ne faut pas abandonner trop tôt, mais aussi des langues. De manière générale, il faut apprendre le plus de langues possible, par tous les moyens : séjours à l’étranger, Erasmus, stages, … Mais sans négliger l’acquisition de solides bases techniques au cours des études, qui sont primordiales pour l’ingénieur !

Président du Comité Exécutif de Solvay

Christian Jourqin

Tous les métiers ont évolué au cours des vingt dernières années, pas seulement le métier d’ingénieur. Ils ont évolué parce que les problèmes et défis auxquels sont confrontées les entreprises sont devenus de plus en plus complexes : course au progrès technologique, globalisation de l’environnement concurrentiel et mondialisation. L’approche de ces défis et les solutions de ces problèmes demandent à la fois de grandes aptitudes analytiques mais aussi de grandes capacités synthétiques. La formation de l’ingénieur conduit naturellement à l’éveil et au développement de ces facultés. L’ingénieur qu’il soit homme ou femme et qui a développé, au cours de ses études, ces compétences trouve donc naturellement une place de choix dans le monde en évolution de l’entreprise. Dans ce cadre de référence, on ne peut donc parler de compétences particulières liées au sexe et spécifiquement attachées à la formation d’ingénieur. Par contre, de manière générale et sans tomber dans des clichés faciles, une meilleure capacité d’écoute et d’endurance en font tout naturellement des contributrices de qualité au développement des entreprises.

Un atout important pour les femmes, ingénieurs ou d’autres formations, repose sur la prise de conscience progressive dans le monde industriel du déséquilibre « caractériel » qui caractérise le management de l’entreprise et se traduit par une typographie de réaction masculine. Pour se poursuivre, ce mouvement d’évolution demande des « champions » de qualité aidant et poussant cette évolution. Cet atout, c’est à la candidate à le jouer. Par « effet miroir », le frein majeur du développement de la carrière d’une femme (à nouveau ingénieur ou d’autre formation) résidera dans les attentes non différenciées auxquelles les candidates devront répondre : disponibilité à la mobilité géographique et parfois rythme de vie peu compatible avec le rôle traditionnel de mère. La société évolue mais il faut reconnaître que de nombreuses barrières subsistent.

Dès lors, le développement harmonieux d’une carrière professionnelle gratifiante et d’une vie de famille réussie demandera certainement une capacité de planification personnelle plus fine pour une femme que pour un homme… Ceci suppose bien entendu un couple solide partageant ambition et contraintes. De plus en plus, l’entreprise se préoccupe de ces aspects mais elle ne peut se substituer à l’autonomie de la volonté de ses employés.

Comme pour tout métier historiquement masculin, les a priori à l’égard de la femme ingénieur ne sont pas encore complètement obsolètes, notamment en fonction du contexte culturel, mais ont tendance à évoluer avec la société et à s’estomper avec les nouvelles générations. Par ailleurs, en tout cas dans notre entreprise, s’il y a certains a priori, ils seraient plutôt positifs et résulteraient de succès démontrés par les premières à accéder à des postes de hautes responsabilités.